Ernani annonce Don
Carlo. Au-delà de la généalogie historique (le
Carlo d'Ernani -
Charles Quint – est le père de Philippe II), le monologue de Carlo
(Grand Dio !), soutenu
par le violoncelle, puis la harpe, préfigure Ella
giammai m'amo de Philippe II ;
le tombeau de Charlemagne à Aix-la-Chapelle est lieu de
recueillement, de mystère et d'apparitions, comme le sera celui de
Charles Quint au couvent de San Yuste.
L'opéra est souvent affaire de livrets improbables. Trois hommes pour une seule femme, et une action et pléthore de protagonistes qui se transportent allègrement de l'Aragon à Aix-la-Chapelle et retour. Au XVIe siècle. La faute au père Hugo !
L'opéra est souvent affaire de livrets improbables. Trois hommes pour une seule femme, et une action et pléthore de protagonistes qui se transportent allègrement de l'Aragon à Aix-la-Chapelle et retour. Au XVIe siècle. La faute au père Hugo !
Une
volée d'escalier qui ne vient de nulle part remplace l'unité de
lieu : l'on monte et l'on descend beaucoup. En oubliant la passion en
route. L'Ernani de Marcello Giordani, comme son Dick Johnson ou son
Gabriele Adorno, est un héros romantique sans fièvre et emprunté.
La voix semble quelque peu forcée. Mais au moins, il meurt de façon
convaincante. Son Elvira est Angela Meade, voix extrêmement
puissante, mais qui a plus l'allure d'une matrone déguisée en
montgolfière que celle d'une jeune fille capable d'attirer le roi,
le félon et le bandit. Peu importe, mais il faudra au moins
apprendre à aimer, à se poignarder (même si ce geste ne figure pas au livret) et à agoniser avec un brin de
réalisme.
Le
Silva de Ferruccio Furlanetto a le visage allongé et la magnifique
présence livide des témoins de l'Enterrement
du Comte d'Orgaz.
« Vieux spectre glacé », il viendra, voix de commandeur
d'outre-tombe, réclamer son dû au Don Giovanni d'Aragon.
Beau
mec, sourire carnassier et regards condescendants, Dmitri
Hvorostovsky a la superbe royale qui sied à Charles Quint. Son
monologue, quasi-faustien en son début - Scettri !...
dovizie !... onori !...
bellezza! ... gioventù !... che siete voi ? -
est servi par une voix troublante soulignée par l'accompagnement de
l'instrument solo. La statue équestre de Carolus Magnus en frémit
encore.
(Crédit
photos : Marty Sohl)
Metropolitan Opera Live in HD, 25 février 2012