Brouillard
et fumées, vieilles tôles et bidons, grilles, escalier, échelles
en ferraille, une centrale nucléaire vétuste avec son Reactor menaçant, Tchernobyl ou Fukushima. Des fantômes en combinaison
blanche, un contremaître casqué en bleu de travail fluo.
Des
uniformes, des costards cravates gominés et des jupes plissées bien
coiffées investissent les lieux décrépits, postures de nô mâtiné
de tango argentin, visages de masques, impassibles.
Il
y a qu'une façon de dire oui (Der Jasager), de se conformer à
la norme, à la « grande coutume », au milieu des masques
qui deviennent impitoyablement narquois : accepter d'être précipité
vers la mort parce qu'on n'est pas adapté, parce qu'on ne suit pas.
Alors qu'on est un enfant. Les toboggans ne sont pas des jeux
d'enfants.
Mais
il y a plusieurs façons de dire non (Der Neinsager) . Sur
différents tons, avec différents visages, comme autant de solutions
de transgression. En balançant uniformes et costards : vivent les
T-shirts déjantés et les cheveux ébouriffés ! Le contremaître
finit accroché aux cintres. La norme au pilori !
[…]
le théâtre est lui-même pédagogique. Il s'agit d'enseigner en
instruisant. Discipline on ne peut concrète qui sous-entend que
faire est mieux que sentir [1]. Il ne reste plus qu'à éduquer
certains parents qui viennent au spectacle pour bavarder sans aucun
respect du travail de leurs enfants et aucune compréhension de ce
qu'ils leur disent. Aux cintres !
[1]
Bertolt Brecht
- Commentaire au Lehrstück Le
vol de Lindbergh - 1929.
(Crédit
photos : Patrice Nin)
Théâtre Jules-Julien, Toulouse, 2 mai 2012
Théâtre Jules-Julien, Toulouse, 2 mai 2012