Des
pyjamas rayés au pas. Départs et arrêts impeccables sous
l'autorité d'un pardessus sombre, de bottes lugubres. Un rythme
effroyable amplifié par les planches. Les pyjamas s'écroulent,
insoutenable vision de l'innommable. Mais un autre rythme naît,
grossit, devient vacarme, percussion de petits doigts qui vont entrer
en résistance.
© Pascal Pavani |
« Ça
n'a pas été facile » est le leitmotiv. Et pourtant voilà
sur scène une cinquantaine d'enfants sans expérience artistique
préalable qui chantent, interprètent, écoutent et s'écoutent.
Suscitent une véritable émotion.
Max
Henry a soigné le moindre de détail de mise en scène, le moindre
déplacement, la moindre interaction. Même si l'on perçoit chez
celui-ci ou celui-là, peut-être plus remuant que les autres, une
grande envie de faire l'intéressant et de sortir du cadre, chaque
écolier, chaque collégien est pleinement impliqué, professionnel.
La poursuite cinématographique, la scène onirique, sont de grandes
réussites.
Sous
la houlette de Habiba Yassine Diab et à partir du fonds du théâtre
du Capitole (ne reconnaît-on pas les pyjamas d'Un Bal masqué
?), les élèves du Lycée Gabriel-Péri ont imaginé et réalisécostumes, masques et coiffures alliant esthétique et fantastique.
Travail de l'ombre, anonyme, travail remarquable.
© Dépêche du Midi |
Les
trois gendarmes, raides comme il se doit dans leur uniforme aux
épaulettes barbelées, font un impeccable trio. Les enfants et
jeunes adultes de la maîtrise du Capitole, admirablement préparés
par Alfonso Caiani, se fondent dans le groupe avec une élégante
discrétion. On remarque le laitier truculent de Mélody Cohen, le
chat et le chien facétieux et bien chantants d'Alice Ferchaud et de
Diane Peyrusse, l'oiseau gracieux d'Éva
Boutry. Le déjà fort beau baryton du jeune Timothé Bougon donne
son inquiétante autorité à Brundibár.
L'orchestre
des élèves du Conservatoire, et son accordéon nostalgique,
complète magnifiquement la distribution.
© Valérie Mazarguil |
On
ne peut que saluer l'engagement, la persévérance, l'énergie de
Christophe Larrieu, directeur musical, de Valérie Mazarguil,
coordinatrice du projet, et de l'ensemble de l'équipe pédagogique.
On imagine aussi ce qu'ont pu être angoisses et découragements.
Pour ces écoliers et collégiens, l'enfance n'est
pas finie, mais
certainement transformée, désormais riche de la rigueur
artistique, arme essentielle contre la médiocrité.
Photos ©
Pascal Pavani, Dépêche du Midi, Valérie Mazarguil
Théâtre Jules-Julien, 29 mars
2017
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