On
voudrait pouvoir alléger Aïda des pharaonneries déjà
érodées, des trompettes, des théories de figurants, des pschents
en toc, des chorégraphies académiques et pas de deux anachroniques
en pagne rouge, des ténors callipyges en jupette moulante.
Car
Aïda est un drame intime, un drame d'entre des murs de
passions qui font des prisons inextricables.
Il
faut de cette Aïda retenir l'émouvante ligne de chant de
Liudmyla Monastyrska, déjà emmurée dans la catastrophe pour son
subtil Numi piéta. L'Amnéris d'Olga Borodina tout en regards
de fards, de jalousie perverse et de véritables larmes. Le Radamès
juvénile de Roberto Alagna – et on ne discourra pas ici de la
façon de donner Celeste Aïda, tout en affirmant qu'il vaut
mieux un piano en voix de tête qu'une vocifération
incongrue. L'Amonasro impressionnant de George Gagnidze, malgré ses
regards à la Eisenstein.
L'actrice
Liudmyla Monastyrska, livrée à elle-même ou mal dirigée, n'est
hélas pas à la hauteur de la chanteuse, et l'absence totale
d'alchimie avec son partenaire transforme l'emmurement final en un
duo de récital sans émotion. Froids sont les murs des tombeaux.
Photos
© Marty Sohl
Metropolitan
Opera, Live in HD, 15 décembre 2012
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