Qui
mieux que l'artiste lyrique peut se moquer de lui-même et railler le
répertoire ?
Respectant
scrupuleusement le graduel, la messe baroque est chantée en disco,
tandis que le Curé de Camaret a les honneurs du latin et du
plain-chant. Figaro s'essouffle dans les croches de Largo al
factotum et Nemorino se bat avec la justesse et le rythme de sa
furtiva lagrima. La « grande saga Fatalità Fatalità
» épingle l'opéra russe, Wagner, Verdi, Carmen. Siegfried
porte l'épée dans son attaché-case, Aïda n'en finit pas de mourir
à cause d'un fazzoletto et d'histoires de famille
inextricables, Escamillo veut rendre son toaster. Le tout ponctué
d'entrées intempestives du Commandeur Dark Vador interpellant un Don
Giovanni perpétuellement absent. Le trait de la caricature est
parfois épais – trop longue ovation de la diva couverte de trop de
fleurs qui va chanter une trop lacrymale Mort de Didon –
mais toujours juste et jamais grossier.
La
précision millimétrique des arrangements musicaux de Stéphane
Delincak, la densité des allusions, la parfaite interprétation au
chant de Stéphanie
Barreau, Omar Benallal et Benoît Duc font des spectacles d'Acide
Lyrique des moments d'intense récréation pour le mélomane averti.
Photo
© La Dépêche du Midi
Cave
Poésie René Gouzenne, 22 décembre 2012
c'est un spectacle réjouissant en effet, truffé d'idées hilarantes par quatre interprètes malicieux ! Stéphane Delincak est aussi un excellent directeur musical avec son ensemble vocal A Bout de Souffle dont on a vu "Platée" à Odyssud dernièrement...
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