mardi 25 décembre 2012

Aïda : l'intime emmuré dans le kitsch


On voudrait pouvoir alléger Aïda des pharaonneries déjà érodées, des trompettes, des théories de figurants, des pschents en toc, des chorégraphies académiques et pas de deux anachroniques en pagne rouge, des ténors callipyges en jupette moulante.
Car Aïda est un drame intime, un drame d'entre des murs de passions qui font des prisons inextricables.




Il faut de cette Aïda retenir l'émouvante ligne de chant de Liudmyla Monastyrska, déjà emmurée dans la catastrophe pour son subtil Numi piéta. L'Amnéris d'Olga Borodina tout en regards de fards, de jalousie perverse et de véritables larmes. Le Radamès juvénile de Roberto Alagna – et on ne discourra pas ici de la façon de donner Celeste Aïda, tout en affirmant qu'il vaut mieux un piano en voix de tête qu'une vocifération incongrue. L'Amonasro impressionnant de George Gagnidze, malgré ses regards à la Eisenstein.
L'actrice Liudmyla Monastyrska, livrée à elle-même ou mal dirigée, n'est hélas pas à la hauteur de la chanteuse, et l'absence totale d'alchimie avec son partenaire transforme l'emmurement final en un duo de récital sans émotion. Froids sont les murs des tombeaux.

Photos © Marty Sohl

Metropolitan Opera, Live in HD, 15 décembre 2012

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