Comme
Roméo descendant dans la crypte des Capulet, c'est dans les caves de
l'Hôtel d'Assézat qu'il faut se rendre pour un rendez-vous avec la
mort. Elle est là, assise en linceul sur le bord d'un tombeau, toute
petite, mélancolique, accoudée sur son sablier.
Noirs
sur fond blanc ou blancs sur fond noir, des crânes vous dévisagent,
vous narguent, grimacent ou fument le cigare, roulent des yeux et
tirent la langue. La très belle scénographie conçue par Hubert Le
Gall souligne détails grotesques et envers (enfers) du décor. Ici
point de cartels nécessitant bonnes lunettes et genoux hyperlaxes,
point d'épouvantables audio-guides, mais un judicieux Livret de
visite, paginé en tibias, et que l'on emporte chez soi :
même pas peur de la simplicité belle et efficace !
Hasard
de visite : de jeunes dominicains à chapelets sombres
s'arrêtent devant les vitrines de chapelets blancs bifaces. Plus
loin, on reste saisie par ce transi de femme aux chairs déjà
dévorées par les décomposeurs. Netsuke et okimono font siffler les
serpents sur les têtes de mort. Les crânes sont partout, en pommeau
sur cannes et ombrelles, en montre ou en épingle de cravate – les
ados d'aujourd'hui n'ont rien inventé !
Bien
sûr le diable est là, tentant chaque Faust avec le feu de l'amour
tout en dissimulant fourbement un crâne dans son dos. Et c'est en
déambulant parmi les vanités des étages que l'on tombe sur ce
crâne en néon rouge dont les dents forment justement le premier mot
du Faust de Gounod : « RIEN »...
Fondation
Bemberg, jusqu'au 30 septembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire