Tout est sale, sordide, déglingué. On
se vautre sur la décadence. Les maquillages défaits font aux
courtisanes des masques hideux, miroirs des têtes de mort des
kidnappeurs. On transpire son désœuvrement ou son malheur. Les
lieux mal éclairés sont de guingois, rapiécés, murs de tôle
ondulée et grillages rouillés. Un père retient sa fille en cage.
Précaution inutile dans le
bidonville.
Il y a du trop et du trop peu.
Trop d'images aguicheuses – fort belles nudités au demeurant – et trop de bruit à la cour du
duc, au détriment de la musique et du chant, que l'on se surprend à
ne pas écouter. Trop de sang - sur la chemise blanche, sur les
mains, sur les joues - dans la scène finale, le gore prête plutôt
à sourire. Trop de Vittorio Grigolo dans son duc, expressions
exagérées, effets appuyés et pianissimi parfois inaudibles. On
regrette le même à Orange.
![]() |
(Crédit : Tristram Kenton, The Guardian) |
![]() |
(Crédit : Johan Parsson, ROH) |
L'alchimie
préfère le trop au trop peu : la Gilda de Ekaterina Siurina
s'accorde évidemment mieux, en voix et en jeu, avec son fougueux et
excessif Don Juan qu'avec ce père à l'émotion taciturne. Elle
meurt joliment, mais sans émotion.
Un Rigoletto sans larmes, Ah
la maledizione !
Royal Opera House Cinema, 17 avril 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire